Skip to content

Sunday Roast

hotornot_105754

Un petit match pour se donner de l’appétit!

Il est dimanche. A dix heures les hommes jouent à se casser les jambes sur un terrain de foot gelé dans le Sunday League. Ensuite ils vont au pub, jusqu’à deux heures. Entre temps, maman est à la maison en train de jongler entre les plaques et le four pour créer son chef d’œuvre de synchronisation, le Sunday Roast. Il faut que la viande soit rôtie, que les légumes soient parfaits et que le gravy soit goûteux avec la texture parfaite sans grumeaux tous au même moment, quand les hommes rentreront du pub pour découper la viande. Synchroniser tous ces éléments, ce n’est pas évident, surtout après 4 gin-and-tonics ou une demi-bouteille de Sherry.

D’où vient cette tradition du Sunday Roast ? Il paraît qu’à la fin de la Guerre des Roses, l’aristocratie s’était bien entretuée et il n’en restait plus beaucoup (on doit faire confiance à ce qu’on nous dit—CT n’était pas online à l’époque). La nouvelle aristocratie de la nouvelle ère des Tudors (Henry VII, Henry VIII et Cate Blanchett comme Elisabeth I) était des fermiers, des hommes qui se sont sali les mains avec de la terre, et qui étaient fiers de leur travail. Tout d’un coup nos habitudes culinaires ont changé et au lieu de manger de la bouffe papiste, les gens mangeaient de la bonne viande et des bons légumes qui provenaient de leurs terres, les produits qu’eux ils avaient pondus de leurs propres mains. C’est un moment de notre histoire où si on avait été obsédé pas les concepts, les Anglais auraient inventé un mot pour “terroir”. Ensuite, la guerre a été remplacée par la chasse, ce qui a été remplacé plus tard par le foot. L’héritage de cette période était le Sunday Roast, un rôti de bœuf, de mouton, de poulet, de biche etc, servi avec des légumes, le dimanche, pour remercier le bon Dieu de nous avoir permis de brasser de la thune et de battre nos servants toute la semaine. Le Meat-and-Two-Veg fut né.

Dans les semaines à venir CT va vous présenter les principes du Sunday Roast pour que vous, aussi, puissez battre vos servants et remercier le bon Dieu.

Le concept

Tout rôti de dimanche est accompagné de ses légumes, et surtout de son gravy. Les légumes sont saisonnières : choux de Bruxelles et panais, l’hiver, et runner beans (haricots d’Espagne) et courgettes, l’été. Il n’y a pas de règles. On peut servir l’agneau sans les flageolets, c’est bon, ne vous inquiétez pas, ce n’est pas grave. Ce qui est plus grave, c’est le gravy, une sauce préparée avec les jus de la viande, avec du vin ou du bouillon, rien de trop complexe, quelque chose qui fait sortir le goût de la viande plutôt que de le changer. Avec le gravy on est au cœur de toute la différence entre la cuisine papiste de l’ère médiévale et la cuisine protestante de l’ère moderne.

Aussi grave que le gravy, c’est les garnitures spécifiques et traditionnelles de chaque viande, ses amis qui l’accompagnent partout :

Le poulet a sa Bread Sauce (sauce au pain), son bacon, sa farce (stuffing), et sa sauce aux airelles (Cranberry Sauce).

Le bœuf a sa Horseradish Sauce (raifort), sa moutarde anglaise, et ses Yorkshire Puddings.

L’agneau a sa Mint Sauce (sauce à la menthe).

Le porc a son Apple Sauce (sauce aux pommes).

Synchronisation

Comme on a déjà dit, la synchronisation est absolument essentielle, une véritable acte de prestidigitation. Pour ce début, on s’attaque au Roast Chicken. Alors lisez plus bas. Pour vous donner une idée de l’organisation militaire nécessaire pour pondre un Roast Chicken, voici un petit planning à suivre:

Pour manger à 14 hrs. Pour un poulet d’un kilo et demi. Décalez tout d’un ¼ heure plus tôt pour un poulet de 2 kg ou plus tard pour un petit poulet.

11h40: Préparer le bouillon pour le gravy. Préparer la sauce aux airelles.

12h : Préparer la farce

12h15 : Arrêter la sauce aux airelles. Préchauffer le four. Préparer le poulet.

12h30 : Enfournez le poulet. Préparer le bread sauce.

13h : Préparer les légumes.

13h20 : La dernière demi-heure critique. Mettre les pommes de terre dans le four. Mettre vos légumes à cuire (vous êtes tous seuls ici, CT ne connais pas vos légumes encore).

13h45 : Sortir le poulet du four. Donner le poulet à votre père à découper. S’il n’est pas là, il faut demander à l’homme de la maison. Préparer le gravy.

14h : Sortir les pommes de terre. Verser le gravy dans une saucière. Et servir tout. Chaud devant, chaud devant et que ça saute !

Share