Rabbits got it goin’ on!
Où l’on rencontre le chutney et son algèbre…
C’est un moment d’excitation dans le foyer de CT : un nouveau chutney est né. Et ce nouveau chutney va jouer avec nos fromages, notre charcuterie et nos collations et occasionner des « ooh » et « ahh » et surtout des « hmmm ? » quand les gens lui rendent visite.
Un chutney est un bonheur dans toute maison qui se respecte, mais il ne faut pas oublier faire un chutney est une affaire très, très sérieuse.
D’abord le chutney, un produit de fruits et/ou de légumes ainsi que de vinaigre et de sucre, existe pour préserver des fruits. Et la préservation de tout ce bonheur fruité a ses propres lois scientifiques.
Le chutney a aussi ses propres lois d’évolution : dans le monde du chutney, c’est la survie du plus moche : pas besoin des meilleurs fruits, non, tout ce qui est trop dur, trop acide ou trop laid à présenter devant votre belle-mère, le chutney adore. Le chutney a ses propres lois de physique : goût + texture finale du chutney = recette + temps de cuisson + temps de repos en bocaux. Mettez des poignées et des poignées de gingembre dans votre chutney et le gingembre, au début fort à faire exploser l’appareil reproductif d’un porc mâle de 500 kg, va s’estomper au cours des semaines et le porc se trouvera ainsi soulager. Pour le moment.
Mais ce qui nous intéresse ici surtout c’est l’algèbre du chutney:
Le calcul suivant se décèle d’une analyse statistique d’un échantillon d’un millier de recettes de chutney. En termes des ratios fruits/vinaigre/sucre, le moyen de toutes ses recettes donne le calcul suivant :
Poids de fruits et de légumes = X X/3 = poids de sucre + vinaigre = Y Y x 2/5 = poids de vinaigre Y x 3/5 = poids de sucre
Alors pour 3 kg de prunes je vais prendre 1 kg de vinaigre et de sucre ensemble dans une proportion de 2 :3, c’est-à-dire : 400 g de vinaigre (c’est-à-dire 40 cl) et 600 g de sucre. Si au départ vous suivez cette algèbre vous n’allez pas pleurer statistiquement. Ensuite vous faites ce que vous voulez, plus de sucre pour nourrir le diabète ou plus de vinaigre pour nourrir l’ulcère.
Et puis il y a les rajouts, des jus d’agrumes pour nourrir le vinaigre, les fruits secs pour ajouter au sucre. Sans parler des épices, et là réside tout le bonheur créateur de la conception d’un beau chutney. Si vous aimez beaucoup utiliser les cures-dents, les graines de cardamome et de coriandre sont une très bonne idée. Si vous avez mal au dents c’est bien de mâcher un bâton de cannelle. Le gingembre, par ailleurs, est très bien comme astringent.
Passons maintenant à l’application de cette mathématique du chutney.
Deux lapins reviennent d’un grand fourrage. Lapin A a trouvé 2 courgettes et 3 tomates; lapin B a trouvé quatre pommes et un oignon. Les deux lapins ne sont pas d’accord sur qui a trouvé le plus. Tous les deux ont un butin de 5 aliments. Pourtant 2 courgettes et 3 tomates mises bout à bout sont plus longues que 4 pommes et 1 oignon. Mais que vaut 2 courgettes et 3 tomates sans un oignon ? « Personne n’a gagné, » déclare Maman Lapin, en tapant son pied d’autorité maternelle et intellectuelle (car elle est aussi un professeur émérite de carottologie à la Sorbonne). « Mais nous allons tous gagner si vous mettez vos gains ensemble pour faire un chutney ! »
Madame Lapin a pelé et coupé les fruits et les légumes en dés avec l’épée samurai de son ami, le blaireau. Ensuite elle a prêté une balance au hibou du voisinage et elle a trouvé que tous les ingrédients pesaient 1.5 kg en tout. « Mes enfants ! C’est merveilleux ! Selon l’algèbre de Champion Tucker, on a besoin d’un poids combiné de vinaigre et de sucre de 500 g dans une proportion respective de 40/60 : c’est-à-dire 200 g (ou 200 ml) de vinaigre et 300 g de sucre. » Heureusement Maman Lapin avait toujours une bouteille de vinaigre de cidre que Papa Lapin allait boire au weekend et elle s’est tapé 300 g de sucre en morceaux de son amant, la belette, en échange pour une bonne pipe (c’est la loi de la jungle chez les animaux). Heureusement dans sa jeunesse Papa lapin a vendu son corps au docks en échange pour des épices et Maman Lapin a pu ajouter: 1 c-à-c de cardamome, gingembre râpé, clous de girofle, muscade, un piment d’Espelette et un bâton de cannelle – bien côté par les marins, ce Papa Lapin! Elle a découpé tout en petits morceaux et elle a tout chauffé à très très petit feu dans une casserole pendant 4 heures, couverte 2 heures et découverte 2 heures. Et voilà ! CT a rencontré Maman Lapin quand on faisait des recherches pour notre fameux “Ragoût de lapin à la moutarde”, et elle nous a cedé sa collection de chutney en échange pour la vie de son fils, Lapin A. CT aime bien les animaux – toujours prêts à négocier avec des terroristes. Le tout dernier bocal de ce chutney a vieilli 18 mois et il était une véritable régale.
Une fois le chutney en bocal, le grand jeu c’est de trouver le bon mariage du chutney et de l’aliment. Il ne suffit pas d’aller dans une ferme pour enduire les animaux de chutney pour voir si ça leur va. Non. Il faut mettre le chutney dans la poche pour le sortir chaque fois que vous mettez quelque chose dans la bouche. Faites un plein de chutney, distribuez bien autour de vous et laissez vos amis faire leurs propres découverts. Un chutney c’est un cadeau qui n’arrête pas de donner.
Un rappel des ingrédients:
1.5 kg de fruits/légumes découpés en petits morceaux200 ml vinaigre 300 g sucre épices
Wow c’est so easy!